Biodiversité : le palmarès des nouvelles
espèces découvertes
(29-05-2009) Source de l' Article :
http://www.univers-nature.com
Voilà de quoi remplir les cabinets de curiosités.
L’Institut International pour l’Exploration des Espèces
de l’université d’Arizona vient de rendre publique la
liste des dix espèces les plus remarquables, découvertes
en 2008. Du plus petit serpent jamais décrit, en passant
par un caféier sans caféine ou encore une bactérie
vivant dans la laque à cheveux, ce palmarès n’en finit
pas d’étonner et de révéler une fois encore la
formidable diversité du vivant.
« L’âge d’or de la découverte » ne connaît pas de
déclin. Le bilan 2007 du SOS (State of Observed Species)
annonce 18 516 nouvelles espèces décrites, plus encore
qu’en 2006. Les connaissances sur la diversité du vivant
progressent sans cesse, et surtout, insiste Philippe
Bouchet, directeur de l'unité Taxonomie-collections du
Muséum National d’Histoire Naturelle à Paris,
« l’exploration de la biodiversité n’est pas terminée !
». Nominés par un comité d’experts internationaux, dont
le chercheur du Muséum, les dix plus remarquables taxons
découverts l’année dernière l’illustrent parfaitement.
Du plus petit au plus grand, les nouveaux records de
taille
De quoi passer inaperçu. Un minuscule hippocampe a été
découvert en Indonésie, les chercheurs l’ont baptisé
Hippocampus satomiae. Il mesure 13,8 millimètres de
long, à peine le double du plus petit vertébré connu, un
poisson de 7,9 mm de long, vivant aussi en Indonésie.
Mais dans le règne du minuscule, les biologistes ont
également déniché un nouveau record de petite taille
chez les serpents. Dans l’île de la Barbade vit une
espèce de seulement 104 mm de long, le Leptotyphlops
carlae.
A une tout autre échelle, le plus grand insecte jamais
découvert a aussi été décrit en 2008. Il s’agit d’un
phasme, Phobaeticus chani, d’une longueur totale de plus
de 56 cm. Telle une brindille suspendue dans les forêts
mélanésiennes, il ne s’était lui aussi pas fait
remarquer jusqu’alors.
Etonnants végétaux
Il n’y a pas que chez les animaux que les nouvelles
rencontres ont été stupéfiantes. Le monde végétal
réserve aussi quelques surprises. Une espèce de caféier
dont les fruits ne contiennent pas de caféine vient
d’être trouvée au Cameroun. De quoi imaginer un
décaféiné un peu plus naturel…
A Madagascar, c’est un palmier géant qui a été décrit,
le Tahina spectabilis. Très rare, cet arbre ne serait
représenté sur l’île que par une petite centaine
d’individus. Sa particularité est de fleurir au bout de
50 ou 100 ans, avec une inflorescence de 5 à 6 mètres de
haut, tant spectaculaire qu’elle en est fatale pour
l’arbre. Le palmier ne survit pas, en effet, à ses
innombrables fleurs.
De nouveaux venus
Dans cette liste de dix, Philippe Bouchet fait remarquer
le cas d’une limace découverte en Pays de Galles. Pour
le biologiste, il ne fait aucun doute qu’après 250 ans
d’histoire naturelle « la faune des îles britanniques
est très bien connue, il est donc totalement inattendu
d’y découvrir de nouvelles espèces ». Mais l’invertébré
en question, une limace fantôme, blanche translucide,
n’est pas originaire de Grande Bretagne. Il s’agit d’une
espèce introduite, dont la provenance est inconnue.
Appartenant à une famille endémique du Caucase, cette
espèce n’y a jamais été décrite.
Etonnant, le cas de la limace fantôme n’en est pas moins
exemplaire. Il montre bien, soulève Philippe Bouchet,
« que l’intensité des échanges internationaux est telle
qu’aujourd’hui devant la découverte d’une espèce sur un
site, on se pose la question. Est-elle nouvelle ici ou
provient-elle d’ailleurs ? ».
Vaste royaume inexploré…
1,8 million d’espèces vivantes a été décrit à ce jour
mais la diversité du vivant est estimée dans une
fourchette allant de dix millions à cent millions
d’espèces. Il y a donc du pain sur la planche pour les
taxonomistes qui découvrent chaque année quelque 16 000
nouvelles espèces en moyenne. Mais, comme le remarque
Philippe Bouchet, « une part trop belle est faite aux
vertébrés » auprès du public, dans les chiffres ils ne
représentent que 25 % des nouvelles espèces décrites.
Les recherches sur la diversité biologique s’intéressent
à bien d’autres groupes et, devant l’immensité de
l’inconnu, l’exploration est bel et bien d’actualité.
Elisabeth Leciak
|